Ludovic Dublanchet - consultant en etourisme

10 janvier 2014
Ludovic Dublanchet
‘‘Les start-up françaises sont à la pointe du marché des objets connectés, en particulier dans la santé : encourageant !’’

Vous googlelisez-vous souvent ?

De moins en moins, je dois bien l’avouer. Je suis toujours connecté à mon compte Google : si je recherche mon nom, les résultats affichés seront donc faussés par mon profil d’internaute. En revanche, je regarde de temps en temps lesquelles de mes pages sur les réseaux sociaux remontent sur Google. Et puis je consulte quelquefois mon Klout Score pour flatter mon égo d’internaute.

Votre première fois sur internet ?

C’était en 1996, j’étais alors stagiaire à l’Agence de Développement Économique de l’Auvergne. Nous utilisions un BBS (ndlr : bulletin board system, ou système de bulletin électronique), un outil québécois qui permettait aux partenaires régionaux d’échanger des idées sur un espace collaboratif, à la manière d’un forum ou d’un intranet.

Ensuite, en 1998, j’ai monté en une nuit avec l’aide d’un collègue mon premier site internet. Cela a été une vraie révélation qui m’a donné envie de me plonger à fond dans le web.

Un site ?

AirBnB car, au-delà de l’offre, le site suit le mouvement de l’économie collaborative. Je le cite souvent en référence lors de mes formations. C’est un modèle d’ergonomie et de simplicité d’utilisation. Les hôteliers français ont du souci à se faire s’ils ne vont pas dans ce sens.

J’utilise aussi très souvent l’application mobile de Voyages SNCF : elle est nettement plus ergonomique et performante que le site internet de la SNCF pour réserver un billet de train. Un comble !

Un outil ?

Dropbox et Google Drive, des outils de partage et de travail collaboratif me permettant d’échanger avec mes clients et mes associés. Et, plus que Google Drive, c’est l’ensemble de la plateforme Google Plus, sur laquelle les outils Google sont regroupés, qui commence à prendre beaucoup de poids dans cette idée de travail collaboratif.

Ensuite, j’utilise Hootsuit, un outil me permettant de gérer mes publications sur les différents réseaux sociaux que j’utilise, mais aussi de faire de la veille. Le service est basé sur le modèle « freemium », c’est-à-dire que les fonctionnalités de base sont gratuite et qu’il faut souscrire à la version payante pour accéder à toutes les fonctionnalités. Mais j’estime que ce n’est pas vraiment une contrainte car, lorsque l’outil est bien pensé et qu’il rend un véritable service, on a vite envie de dépenser entre 60 et 100 euros par an pour l’utiliser.

Un projet, un exemple, un acteur à suivre ?

Je suis fasciné par tout ce qui touche à l’internet des objets, peut-être parce que j’ai toujours été attiré par les gadgets en tous genres. Par exemple, je me suis équipé d’un Leap Motion, un petit appareil que l’on branche sur son ordinateur et qui permet de le piloter avec ses mains façon Minority Report, avec moins de succès cependant. L’arrivée des smartwatchs, des Google Glass, ou de Botanicalls, une sonde d’humidité pour plantes vertes qui vous prévient de tout changement par tweet… Tout cela est passionnant. Bon, j’admets qu’il y a des projets un peu crétins, mais ces objets connectés peuvent devenir indispensables dans notre quotidien. Prenez le secteur de la santé où des acteurs commencent à proposer des outils de monitoring et de transmission en temps réel de la glycémie pour les diabétiques, de la tension, etc. Ce que je trouve encourageant, c’est que les startups françaises sont à la pointe du secteur : Sigfox à Toulouse, Parrot et ses drones , Withings avec ses outils et applications dédiés à la santé….

Ce que vous détestez sur internet ?

A vrai dire, peu de choses m’énervent réellement sur Internet. Je suis plutôt agacé par les dossiers et reportages voulant nous alerter sur les « dangers » d’internet, comme le vol des données personnelles ou bancaires. Le traitement qu’en font les médias classiques est systématiquement négatif, ce qui entretient la crainte et la défiance des consommateurs. Le simple usager en vient à avoir peur d’acheter sur un site d’e-commerce. Les rédactions voient le web comme un concurrent et le pouvoir qu’elles ont encore sur l’opinion décourage la curiosité et l’enthousiasme que nous devrions tous avoir pour le numérique.

Ensuite, je peux comprendre la défiance que l’on peut ressentir envers la publicité sur internet qui, en s’adaptant à notre comportement et à nos centres d’intérêt, peut être jugée trop intrusive. Mais que penser des publicités papier que l’on reçoit en masse dans nos boîtes aux lettres, qui pour le coup sont souvent hors sujet.

Contribuez-vous personnellement à internet ?

J’ai cofondé Etourisme Info il y a bientôt 7 ans. A l’origine, nous étions 5 spécialistes du e-tourisme, des amis partageant les mêmes valeurs éthiques du métier. Nous faisions chacun de la veille sectorielle, mais sans réellement l’exploiter. D’où l’idée de lancer un blog adressé aux gestionnaires de destinations touristiques, proposant un billet par jour. C’est devenu une véritable aventure humaine : nous sommes maintenant une douzaine de rédacteurs.

Je suis évidemment actif sur les réseaux sociaux, Facebook, Twitter et Instagram en tête. Cependant, mon usage est devenu plus « parcimonieux ». Je m’explique : à force de vouloir trop en faire en publiant, tweetant, ou retweetant à tout va, on en vient à parasiter les messages essentiels. Ainsi, j’en viens à n’utiliser Twitter que lorsque j’estime qu’il y a une réelle utilité. J’ai vu des conférences pendant lesquelles les tweets filaient tous azimuts par centaines, sans organisation préalable. Lorsque j’organise un événement public, je cherche au contraire à encadrer les échanges, en définissant un hashtag et en mettant en place un Twitter Wall. Personnellement, je m’attache maintenant à suivre les conférenciers et à ne tweeter que 3 ou 4 fois par jour, plutôt que 15 fois par minute.

L’internet de demain, vous le voyez comment ?

Globalement, nous avons maintenant la confirmation du fait que le web s’imbrique toujours plus dans notre quotidien. Cela correspond au le concept ATAWAD décrit par Xavier Dalloz : AnyTime AnyWhere AnyDevice. Ce qui n’était pas une évidence il a seulement quelques années, mais cela le devient actuellement. Il suffit de regarder nos enfants pour s’en convaincre : internet est entré dans leur logique quotidienne, quel que soit l’objet qu’ils utilisent. De fait, les études comptabilisant le temps passé par jour devant un écran de télé, d’ordinateur ou de téléphone n’a plus de sens aujourd’hui.

Comme je l’ai dit précédemment, je pense aussi que les objets connectés ont un avenir certain. Dans les transports en communs ou individuels, nous sommes déjà en mesure de mettre des solutions en place pour simplifier les conditions de circulation. Les voitures connectées, c’est moins d’accidents, moins de bouchons. Je trouve hallucinant que ce soit Google avec sa Google Car qui fasse avancer le sujet, et non les pouvoirs publics ou les constructeurs. Ils en ont les capacités, mais pas la vision qui va avec.

Enfin, je m’intéresse beaucoup au concept de transhumanisme, d’idée d’un homme « augmenté » par la technologie, améliorant ses capacités physiques et intellectuelles. Ce n’est pas un hasard si Google, en particulier  son cofondateur Larry Page, soutient la Syngularity University fondée par Raymond Kurzweil, un des théoriciens du transhumanisme (ndlr : Raymond Kurzweil travaille d’ailleurs pour Google depuis 2012). Certains de ces penseurs estiment qu’à moyen terme la technologie et l’intelligence artificielle prendront le pas sur l’homme.

Tout cela démontre la puissance de Google, devenu un pouvoir géopolitique plus qu’économique. C’est aussi fascinant qu’effrayant et je ne suis pas sûr que tout le monde en a réellement conscience.

Quel métier web conseilleriez-vous à votre fils ou à votre fille ?

Notre génération à tout appris du web sur le tas. Je leur conseillerais donc déjà d’être curieux. J’ai aussi l’impression que le codage revient en force. L’avenir serait donc aux codeurs, mais est-ce un travail bien exaltant ? Je ne saurais le dire.

Petit fantasme personnel : j’aimerais que mes enfants mettent enfin au point la téléportation ! Je ne passe pas assez de temps avec eux et ça résoudrait le problème.

Les conseils que vous donneriez à un directeur marketing

Faites confiance aux jeunes ! C’est d’eux que viennent les idées créatives et innovantes. Il s’agit seulement de savoir les encadrer sans les étouffer.

Ne bridez pas votre imagination. Les dirigeants se laissent trop brider par les DSI, encore trop focalisés sur l’informatique, pas assez tournés vers le numérique. Et cela ralentit les capacités d’innovation des entreprises.

A propos de Ludovic Dublanchet :
Après dix années au sein de l'Agence Régionale du Numérique de Midi-Pyrénées en charge du etourisme, Ludovic Dublanchet est maintenant consultant, conférencier et formateur auprès des organismes de gestion de destinations touristiques. Il organise par ailleurs les Rencontres Nationales du etourisme institutionnel qui, après six éditions à Toulouse, fêteront leur dixième édition à Pau en octobre 2014, ainsi que Tourisme Numérique, le Forum de Deauville dont la deuxième édition se tiendra en mars. Avec ses collègues Pierre Eloy et François Perrroy, il fonde début 2014 la société de conseil "Agitateurs de Destinations Numériques". Enfin, il est un des cofondateurs du blog etourime.info. Passionné de rugby, il a trouvé en Toulouse une terre d'accueil bienveillante, mais son cœur reste à jamais acquis à ses racines clermontoises ! Twitter : @dublanchet

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