Edouard Forzy - co-président de la Mêlée Numérique à Toulouse

27 mars 2014
Edouard Forzy
‘‘Je crois en des projets innovants qui auront un impact global et positif sur la société.’’

Vous googlelisez-vous souvent ?

Je googlelise rarement mon nom, je dirais tous les deux mois tout au plus pour surveiller du coin de l’œil mon e-réputation. A vrai dire, je regarde surtout ce que l’on dit de la Mêlée sur Google : quelle est sa notoriété, quelles sont les retombées des événements et projets portés par la structure… Bref, quel est l’impact de ses actions sur le web ?

Votre première fois sur internet ?

Ma première impression est que c’était très lent et qu’il n’y avait pas grand-chose à voir ou à faire. C’était en 1997 ou 98, je ne voyais pas bien l’intérêt du web comparé au minitel de mes parents. On y trouvait aussi les pages jaunes et quelques infos pratiques sur le cinéma, par exemple. Après plusieurs tentatives infructueuses avec Club Internet, je me suis créé un email sur Hotmail. Je suis sûr qu’il fonctionne toujours et que la boîte est remplie de millions de spams !

Un site ?

Je ne vais pas être très original pour commencer : je suis beaucoup le sport alors je lis Lequipe.fr.

Ensuite, je consulte régulièrement L’Usine Digitale qui m’abreuve d’informations sur toutes les transformations numériques qui apparaissent. Ce qui m’intéresse, c’est le traitement de l’information sous un angle professionnel.

Je vais aussi voir les sites des structures sœurs ou comparables à la Mêlée, par exemple Numa (La Cantine Paris). Je m’en sers de source d’inspiration, je vérifie que l’on travaille sur les mêmes thèmes, ou si nous pouvons mener des projets communs.

Enfin, je suis abonné à plusieurs Scoop.It (ndlr : une plateforme sociale de veille et de « curation » de contenus) sur les thèmes de la créativité, de l’innovation, et plus précisément de l’open innovation, c’est-à-dire, l’innovation optimiste. Le principe est d’apporter des idées créatives et innovantes en cassant les habitudes de travail, dans un esprit collaboratif. On parle ainsi beaucoup du crowdsourcing. Il s’agit d’aboutir au final à des projets innovants qui auront un impact global et positif sur la société.

Un outil ?

Mon rêve, c’est le baby-foot connecté. Et on va y arriver ! Dernièrement, La Mêlée a remis le Prix Alliancy de l’Innovation à Bonzini qui justement présentait avec l’agence de design W&Cie le premier baby-foot connecté : Tecbak. J’imagine bien des tournois inter-entreprises en réseau.

Le web ne se résume plus à la toile, un univers virtuel, froid, éloigné de l’homme. La tendance est à l’Internet of Everything, partout, dans toutes les situations du réel. C’est cet esprit créatif qui permettra de relier les mondes virtuels et réels. A la Cantine de Toulouse, nous travaillons nous-même à la création d’un objet connecté : une cocotte-minute ! Les objets connectés vont envahir notre vie quotidienne.

Un projet, un exemple, un acteur à suivre ?

La French Tech, le projet gouvernemental qui a pour objectif de fédérer les acteurs français de l’économie numérique et de les faire rayonner au niveau national et international. 8 métropoles françaises pourront obtenir une labellisation. Tous les acteurs parties-prenantes du territoire (associations, écoles, laboratoires de recherche, entreprises et collectivités) se sont concertés pour présenter la candidature de Toulouse au label French Tech. Le dossier intègre des projets existants ou en devenir :

  • Un pôle de développement de l’internet des objets.
  • Le développement de l’éducation numérique, comme les Coding Goûters de la Cantine qui s’adressent aux enfants jusqu’à 13 ans.
  • La création d’une école de développeurs ouverte à des publics qui n’ont pas accès aux écoles d’ingénieurs, ou en difficulté scolaire.
  • Le Fab Lab toulousain, un des plus importants en France.
  • La création d’une manifestation d’ampleur internationale à Toulouse pour faire rayonner l’économie numérique nationale.

Je crois aussi beaucoup aux « accélérateurs » de start-ups. Ils font suite aux pépinières d’entreprises qui n’étaient finalement que des lieux sans notion d’accompagnement, et aux incubateurs liés à des laboratoires de recherche, donc assez fermés. Les accélérateurs ont pour fonction d’apporter à de petits projets numériques porteurs le bon niveau d’accompagnement (mentor, coach, investisseurs, grands groupes), et de les aider à trouver leur marché, pour qu’en moins d’un an ils percent au niveau national voire international.

Ce que vous détestez sur internet ?

La liberté offerte par internet conduit à des abus et montre le mauvais visage de l’homme au travers de sites peu recommandables. A l’inverse, cette liberté fait que nous sommes trop souvent et très facilement surveillés, voire manipulés. Cette trop grande liberté tue malheureusement la liberté…

Contribuez-vous personnellement à internet ?

Pas en mon nom personnel. Si je contribue à internet, c’est pour et au nom de la Mêlée.

L’internet de demain, vous le voyez comment ?

Je le vois comme l’extension de nous-mêmes  : nous serons plus connectés les uns aux autres, et nous oublierons qu’il y des lignes de code informatique derrière chaque action anodine de notre quotidien. L’avantage est que nous n’aurons plus de contraintes physiques, tant en termes de distances que de communication. En revanche, il ne faudra pas se montrer naïf. Chaque individu devra arriver à comprendre comment le système fonctionne pour ne pas être manipulé. Nous en revenons au code et au fait de lui donner une place plus importante dans les projets éducatifs.

Nous aurons encore plus d’objets digitaux, « connectés », mais ils s’effaceront au profit de leurs bénéfices concrets. Par exemple, les communications inter-individus se feront plus naturellement, sans support physique, et nous pourrons, d’une manière ou d’une autre, être en communication constante avec nos proches. Un peu comme de la télépathie ! Je crois sincèrement que les gens se parleraient et se comprendraient mieux ainsi. Il y aurait plus d’amour entre eux.

Quel métier web conseilleriez-vous à votre fils ou à votre fille ?

Je conseillerai tout d’abord à mes enfants de comprendre le monde numérique pour ne pas en être dépendant. Ensuite, je les inciterai à choisir un métier de transmission du savoir et de l’information, comme le mien finalement !

3 conseils que vous donneriez à un directeur marketing

  • Se mettre à la place de l’utilisateur ou du client final pour proposer des offres adaptées et différenciantes.
  • Utiliser des méthodologies de travail créatif pour apporter de réelles ruptures dans les usages. Il faut certes écouter le client, mais aussi aller au-delà de ce qu’il imagine et des lieux communs du marché. Je cite souvent Henry Ford : « Si j’avais demandé aux gens ce qu’ils voulaient, ils m’auraient répondu des chevaux plus rapides. » Il ne faut pas mettre de barrières à son imagination, mais au contraire laisser parler sa créativité, retrouver une âme d’enfant.
  • Faire confiance à ses équipes : nos collaborateurs possèdent souvent une vision innovante qu’il ne faut pas brider.
A propos de Edouard Forzy :
Co-président, fondateur et délégué général de la Mêlée Numérique, Edouard Forzy œuvre au rayonnement de l'économie numérique en Midi-Pyrénée. Vous le croiserez souvent à la Cantine, 27 rue d'Aubuisson, lieu foisonnant, catalyseur d'idées innovantes, dédié au co-working et à la formation. Vous pouvez suivre Edouard sur Twitter : @Edforzy A noter dans vos agendas : les Rencontres TIC de la Mêlée Numérique de Toulouse se dérouleront cette année les 27 et 28 mai prochains à Diagora, Labège.

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