Vous googlelisez-vous souvent ?
A vrai dire, comme je suis régulièrement présente sur les réseaux sociaux (Twitter, LinkedIn, etc.), je note très facilement les contenus mentionnant mon nom. Journaliste, je signe mes articles. Je m’expose donc sur internet, c’est le jeu ! Mais je n’ai jamais eu jusqu’à présent de problème d’e-réputation. De fait, je n’ai pas mis en place de système d’alerte. Je ne fais qu’une à deux vérifications annuelles en routine.
Votre première fois sur internet ?
Je n’ai pas de souvenir précis de ce moment. Il s’agit plutôt de réminiscences d’ambiances comme le bruit du modem de mon ordinateur se connectant au web. Je me souviens surtout que le web, à sa naissance, n’offrait que peu de services, contrairement au minitel qui avait une réelle utilité pour les journalistes. A l’époque où je travaillais pour le Groupe IDG, nous faisions la queue pour accéder au seul minitel du bureau afin de rechercher des informations sur Infogreffe à propos d’une entreprise ou d’un dirigeant ! Ensuite, je dois avouer que je ne suis pas très « geek » : ce qui m’intéresse, ce n’est pas l’outil en soi mais l’usage professionnel que je peux en faire. Internet a donc commencé à m’être utile lorsque les entreprises se sont mises à créer leur site web : j’ai enfin pu y trouver de l’information utile.
Un site ?
Des sites devrais-je dire. Je balaie tous les sites d’information sur le numérique de French Web aux blogs de Fred Cavazza. J’aime beaucoup les propos tenus par Frédéric Montagnon (un toulousain, co-fondateur de la plateforme de blogging OverBlog) : c’est un web entrepreneur dans la mouvance, offrant systématiquement une analyse pertinente de l’actualité numérique. Je ne peux que conseiller la lecture du blog de Pierre-Olivier Carles, (toulousain aussi !), serial entrepreneur du web, pour son œil aiguisé sur le métier. Enfin, je dois mettre en avant Girlz in Web, car le sujet de l’entrepreneuriat féminin me tient particulièrement à cœur, et que c’est un enjeu fort du développement économique local. Il est aussi intéressant de voir comment certains blogs historiques sur le digital ont évolué ces dernières années pour se convertir en véritables médias d’information professionnel. L’exemple le plus frappant est Locita.
Un outil ?
Scoop.It, une plateforme de curation inventée par Marc Rougier, encore un web entrepreneur toulousain ! J’en fais un outil de veille et de partage d’informations professionnelles. L’outil permet surtout d’éditorialiser la veille pour lui donner de la valeur ajoutée, via des commentaires d’experts, par exemple.
Un projet, un exemple, un acteur à suivre ?
Le phénomène French Tech, émanation des « Quartiers d’Avenir », cette volonté de créer un écosystème d’investisseurs publics et privés accompagnant le développement et le rayonnement des startups françaises à l’international. Financé en partie par le Programme d’Investissements d’Avenir, le projet vise aussi à labelliser certaines métropoles, dont Toulouse, rassemblant tous les atouts pour faire briller le numérique à la française : stratégies et programmes d’investissements locaux, projets innovants, acteurs de qualités pouvant porter ces ambitions, etc…
Ce que vous détestez sur internet ?
On en revient toujours à l’éternelle question du blocage publicitaire : cookies, tracking commercial, tout ce qui fait que le web est devenu très intrusif pour l’usager. On ne s’imagine pas payer pour un service type email. Et pourtant, il faut bien des contreparties. Frédéric Montagnon rappelle que le web ne serait jamais devenu ce qu’il est sans la publicité. Faut-il monnayer l’accès aux contenus et à certains services ? Pierre-Olivier Carles a tenté l’expérience de rendre payants les articles les plus lus de son blog. C’était tout a fait symbolique : 0,05€ par semaine pour un accès illimité à l’ensemble des contenus. Mais force est de constater que l’audience à rapidement chuté. Un contre-exemple : Mediapart. Le système ne semble fonctionner que sur des audiences larges, non sur des secteurs de niche.
Contribuez-vous personnellement à internet ?
Comme j’écris beaucoup à titre professionnel, je n’ai pas le temps d’alimenter un blog personnel : je ne serais pas assez régulière ou productive pour papoter ou réagir à une actualité. En revanche, je retweete régulièrement des articles que je juge intéressants, je participe à des groupes marketings sur les réseaux sociaux professionnels, sans oublier Scoop.It.
L’internet de demain, vous le voyez comment ?
En deux mots : « connecté » et « mobile ».
En terme de marchés, l’internet des objets connectés va exploser, mais on ne peut pas encore prévoir la révolution des usages qui en naitra. SigFox en est le moteur toulousain. On peut imaginer les apports de cette révolution à la ville « connectée » : transports, énergie, open data, smart buildings. Par exemple, la maitrise de la consommation énergétique ouverte par le numérique offrira une nouvelle approche de l’habitat. On pense aussi évidemment à la santé : meilleure gestion des patients et des hôpitaux, des maisons de retraite… Je vous engage d’ailleurs à suivre les propos de Jean-Michel Billaut, fondateur de l’Atelier BNP-Paribas, très actif sur les sujets prospectifs touchant à l’e-santé.
Sur le fond, les évolutions sociales portées par internet font exploser les initiatives liées au savoir partagé et à l’économie du partage. A la Mêlée, les « Coding Goûters » permettent aux enfants d’apprendre à coder. Frédéric Bardeau, qui a beaucoup écrit sur le piratage informatique et les Anonymous, a créé une école solidaire et gratuite afin de former les jeunes des quartiers en difficulté au développement web. Nous voyons apparaître des réseaux sociaux solidaires tel Lykemi, des plateformes de financement participatif dédiés aux projets durables comme BlueBees…
Tout cela, c’est l’internet de demain !
Quel métier web conseilleriez-vous à votre fils ou à votre fille ?
D’un côté les métiers du code. Il est gratifiant pour un jeune développeur d’aboutir à un résultat fonctionnel, mais cela l’est encore plus lorsqu’on travaille dans un esprit collaboratif, ouvert. Ce qui a changé avec le numérique, c’est que l’on fait confiance aux jeunes. Par exemple, l’école Epitech « lâche » littéralement les étudiants sur des projets incroyables et enrichissants.
L’autre aspect du web, c’est le contenu. La création de contenus et le community management ouvrent des perspectives aux littéraires comme ma fille qui adore le théâtre, être à l’écoute, partager.
3 conseils que vous donneriez à un directeur marketing ?
1. Devenez une éponge à tendances afin de capter les nouveautés de votre marché et développer de nouvelles idées créatives. Donc écoutez vos clients !
2. Soyez extrêmement réactif : il s’agit de devenir un orpailleur, dénicher la pépite, pour la mettre rapidement en valeur.
3. Enfin, ne vous coupez jamais de vos rapports humains avec vos équipes et vos clients.
Ce que j’apprécie avec la Mêlée, au-delà du fait que ce soit un réseau numérique, c’est que l’initiative crée de vrais liens, en chair et en os, entre les acteurs toulousains du digital. Le retour à l’humain, on le voit très bien se réaliser avec les pure players du web qui ouvrent des showrooms, éphémères ou non. Le numérique a tendance à mettre à distance les rapports humains. Contrairement aux boutiques classiques (des produits, des vendeurs, une caisse), concept stores et showrooms permettent de créer de nouveau, et de manière innovante, le contact avec les clients. Une dernière entreprise toulousain pour illustrer mon propos : Jymmy Fairly, une jeune startup qui s’est lancé dans la vente en ligne de lunettes fabriquées en Europe verres inclus à moins de 100€, vient de créer une boutique physique bousculant la classique relation client. Un exemple à suivre !