Thomas Goubin - Customer Success Manager chez blueKiwi

18 décembre 2014
Thomas Goubin
‘‘Avec la facilité avec laquelle on peut accéder à des contenus de qualité, illimités et inédits, l'ignorance devient un choix’’

Vous googlelisez-vous souvent ?

Cela m’arrivait fréquemment au tout début de ma carrière, lorsque j’animais mon propre blog. Mais il a été hacké par des chinois ! Alors cela n’a plus vraiment d’importance maintenant. Au même moment, je me suis rendu compte que j’avais un homonyme, un journaliste sportif  qui montait en puissance sur le web. J’ai donc suivi son e-réputation en parallèle de la mienne. Je me demande d’ailleurs si je ne pourrais pas lui vendre mes services !

Je continue d’entretenir ma présence sociale par amusement et réflexe. Lorsque l’on est engagé dans l’économique numérique (mais pas seulement) j’estime aussi qu’il est important de travailler son « employabilité », c’est-à-dire, valoriser son expérience et ses compétences. Et puis c’est utile aux étudiants. Par exemple, j’ai été sollicité par des thésards qui cherchaient des conseils et des informations sur les réseaux sociaux d’entreprises, un de mes domaines d’expertise.

Votre première fois sur internet ?

Je suis littéralement né avec un ordinateur entre les mains. J’ai d’ailleurs appris à l’utiliser avant même de savoir écrire. Je me suis d’abord intéressé au hardware : démonter, remonter inlassablement la machine. Et naturellement, je me suis mis à coder en Basic. A 5 ou 6 ans, mon père a pris un abonnement à Word-NET, le tout premier fournisseur d’accès à internet, dernière lequel se cachait déjà Xavier Niel. J’ai tout de suite trouvé le système très intuitif, voire magique. Google n’existait pas encore. Je me souviens qu’il existait des annuaires de sites, puis Yahoo! est arrivé, aussi sous forme d’annuaire, non de moteur de recherche. Le premier moteur dont je me souvienne est celui d’AOL, le deuxième FIA auquel nous nous étions abonnés… et un des tout premiers à proposer un forfait illimité début 2000.

Un site ?

Amazon ! J’hallucine totalement quand je constate la facilité avec laquelle je commande un produit en 3 clics pour le recevoir 24h plus tard. Le gain de temps est incroyable : il ne me faut que 30 secondes pour réaliser ma commande. Je dois aussi reconnaitre que leur moteur de recommandation est excellent, surtout en ce qui concerne les livres. En période de Noël, c’est plutôt commode !

Pour ma consommation d’information, je ne suis pas attaché à un site en particulier. Je découvre essentiellement de l’info sectorielle via Twitter et Flipboard.

Un outil ?

J’ai été longtemps persuadé que Kindle était l’outil idéal pour lire. Pourtant, je me rends compte que je le délaisse un peu pour revenir au format papier : il me semble que cela m’incite plus à la lecture.

Au quotidien, je me sers d’Evernote : toute la journée, j’agrège des informations que je classe par tags pour les retrouver plus facilement et les exploiter par la suite. J’ai aussi pris l’habitude de faire des mind mapping sur mon iPad à l’aide d’un stylet. Je dessine, je note et je synchronise tout cela avec Evernote. Je me suis rendu compte que le gain de productivité était bien plus important que la prise de notes sur papier. Je prends moins de notes, elles sont mieux organisées, et plus qualitatives.

Un projet, un exemple, un acteur à suivre ?

Ma référence absolue est Elon Musk, le fondateur de Tesla Motors. C’est un des rares entrepreneurs à avoir su révolutionner l’industrie automobile. Il a pris un marché sclérosé, et l’a retourné pour imposer son style via des produits d’exception alors que toute la concurrence misait sur l »entrée de gamme.

Toulouse n’est pas en reste pour ce qui est de l’innovation ! Par exemple, Jérôme Introvigne développe une vision novatrice de ce que doit être le travail à l’heure de l’économie 2.0 : dans ce contexte, sa plateforme collaborative Skiller se donne pour mission de « libérer » les compétences professionnelles des salariés en offrant la possibilité de les partager avec la communauté. Je voudrais aussi citer Philippe Coste, directeur de l’école Epitech Toulouse, et depuis peu directeur délégué French Tech Toulouse, qui va devenir un des principaux moteurs de création et de développement de nouvelles start-ups innovantes.

Ce que vous détestez sur internet ?

Je suis quelqu’un d’optimiste, je ne crains donc pas une hypothétique évolution perverse du net. En revanche, bien qu’hyperactif, je ne supporte pas le bruit et la superficialité créées par la consommation d’informations tous azimuts. On se fait une idée toute faite d’un sujet en ne lisant que le titre et la description d’un article que l’on voit passer sur les réseaux, sans chercher à comprendre, ni à creuser la problématique. J’ai été moi-même piégé par ce type de comportement, mais je me soigne ! Lorsque je tombe sur un article intéressant, je m’efforce de lire des articles connexes qui m’offriront une compréhension plus globale du sujet et nourriront ma réflexion. De fait, je consomme moins d’information.

Qu’est-ce qui fait une bonne information numérique ? Un contenu suffisamment détaillé  ET bien scénarisé, voire « designé ». C’est pour cela que j’aime beaucoup les présentations de Willy Braun, directeur général de France Digital. Ses slides sont riches et sont portées par un travail esthétique poussé qui incite à la découverte, donc à la lecture. Si on veut aller plus loin dans l’analyse, les dossiers qu’il publie sur Brocooli sont l’exemple même de contenus web bien écrits, bien détaillés, et bien présentés.

Contribuez-vous personnellement à internet ?

J’essaie ! Je viens de me lancer sur Medium (NDLR : une plateforme de publication collaborative, créée par les fondateurs de Twitter et Blogger, dont l’objectif est de valoriser un contenu qualitatif, écrit ou photo, plutôt que son auteur). Mon objectif est d’écrire différemment, en prenant de la distance, en me concentrant sur ce que je ressens plutôt que sur ce que je sais. L’interface de Medium a une ergonomie simplifiée à l’extrême qui focalise mon attention sur l’écriture. Cela me donne la sensation d’être face à une machine à écrire et c’est très stimulant. La démarche est donc plus intime et profonde que le blogging classique.

L’internet de demain, vous le voyez comment ?

Je parlais plus tôt de la rapidité avec laquelle un process d’achat/livraison pouvait être réalisé sur Amazon : c’est une tendance de fond. Internet modifie notre rapport au temps et la dynamique enclenchée n’est pas prête de s’arrêter. Netflix propose des films et des séries en illimité pour 8€ par mois, Spotify propose la même chose pour la musique pour 10€. Force est de constater que le consommateur est maintenant mûr pour payer du contenu s’il est de qualité, illimité et inédit. Le net offre par la même occasion un nouveau rapport à l’espace : on s’affranchit des supports classiques. Il en va de même pour la consommation d’information. J’aime à dire qu’aujourd’hui l’ignorance devient un choix.

Quel métier du web conseilleriez-vous à votre fils ou à votre fille ?

Le champ des possibles est exceptionnel. Avant de faire son choix, je l’inciterais à tester ses idées et sa créativité en lançant un blog, un site, une application. Je l’aiderais dans sa démarche en lui donnant les bons outils et les concepts qui le feraient avancer dans sa démarche. Finalement, j’aimerais en faire un entrepreneur !

3 conseils que vous donneriez à un directeur marketing ?

1/ Qu’il teste lui-même les concepts et outils dont il a entendu parler. On a trop tendance à parler du web de manière générale, à rester dans le vague, sans acquérir d’expérience personnelle.

2/ Qu’il reste ouvert : le milieu est mouvant, des retours d’expérience sont innombrables et immédiatement accessibles à tous.

3/ Qu’il pense par lui-même, qu’il ne réplique pas les modèles qu’il connaît déjà : l’innovation marketing, c’est voir quelque-chose de nouveau dans le traitement d’un sujet maintes fois vu. Et ce sont toujours les multiples expériences personnelles qui permettent d’identifier les futures idées porteuses pour son activité.

A propos de Thomas Goubin :
Curieux de tout, surtout autour du web et des nouvelles technologies (il avoue être un peu geek, un euphémisme !), Thomas a eu la chance de participer à des aventures magnifiques, tant personnelles comme le TEDxToulouse, que professionnelles autour de la collaboration sociale et du monde merveilleux des startups. Sa philosophie : "je vis pour être passionné". Vous pouvez suivre ses tweets sur @thomasgoubin.

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