Vous googlelisez-vous souvent ?
Je demande surtout à mes étudiants de le faire régulièrement pour eux-mêmes, car leurs futurs employeurs ou clients le feront certainement. Et un vieux Skyblog ne fait pas une très bonne impression… Je leur montre aussi que l’on trouve facilement leur numéro de téléphone sur Google : c’est déconcertant pour eux car ils n’ont pas conscience des trace numériques qu’ils laissent. Ces étudiants veulent se placer dans le secteur du marketing ou de la communication. La maîtrise de leur image online est donc cruciale pour eux ; appelons cela du personal branding.
Votre première fois sur internet ?
Ma première expérience d’internet, je l’ai vécue en 1997 dans un cyber café sur un vieux Netscape. Je connaissais et utilisais déjà l’email avant internet, sur le minitel ! A l’époque, il n’y avait pas encore de moteurs de recherche. C’était le règne des annuaires, surtout américains. Je ne me souviens plus exactement de ce que j’ai recherché en premier. Ce dont je me souviens en revanche, c’est qu’il était compliqué de rechercher de l’information sur ces annuaires, et que c’était lent, très lent…
Quelques temps après, j’ai mis en ligne mon premier webzine. J’ai tout de suite vu l’intérêt économique de convertir mon fanzine papier au numérique : fini les photocopies !
Un site ?
A part Google (rire) ? A partir du moteur, on peut accéder à absolument tout le reste : Wikipedia, les news… Ce n’est pas un site qu’il faut mettre en avant, mais le web dans sa globalité et la foule d’informations que l’on y trouve depuis Google.
Par rapport à mon activité, je citerai deux blogs de référence : Le Blog du Modérateur et le blog de la société Emarketinglicious. J’aime aussi beaucoup Medium qui a repensé l’expérience du blogging. La plateforme offre la possibilité de commenter un billet sur le côté et non plus seulement en fin d’article. Double intérêt à cela : les articles sur Medium sont assez longs et il est pénible de faire des allers-retours entre le texte et les commentaires ; d’autre part, on annote le texte comme sur un livre papier, ce qui stimule les échanges entre les lecteurs et l’auteur.
Un outil ?
Je ne pourrais plus me passer de Twitter qui est mon principal outil d’accès à la connaissance et à l’information.
Facebook au contraire, pose un problème de sélection de l’information : je n’y retrouve pas ce que je lis sur Twitter. L’outil n’est pas exactement en temps réel, il est plus tourné vers la relation à soi. Cela reste avant tout un espace de partage d’expériences personnelles.
Je voudrais aussi mettre en avant Snapchat qui est en train d’inventer une nouvelle forme d’écriture web en proposant de nouvelles modalités de création de vidéos : la vidéo à courte durée de vie (10 seconde maximum) et la possibilité de créer une Story (plusieurs vidéos juxtaposées d’une durée de vie de 24 heures). Il est d’ailleurs intéressant de noter que le modèle est en train de contaminer YouTube, qui tentait au contraire d’imiter la télévision.
Un projet, un acteur, un exemple à suivre ?
Etincelle, un espace de coworking en plein centre de Toulouse. J’aime leur philosophie et leur ouverture d’esprit : beaucoup de professionnels passent, échangent, travaillent réellement ensemble. J’apprécie aussi la Cantine pour assister à des événements et réseauter, mais le lieu est moins adapté au travail collaboratif.
Ce que vous détestez sur internet ?
Je me dis que c’est parce qu’on trouve le pire sur internet qu’on a aussi la possibilité d’y trouver le meilleur. J’arrive même à trouver l’occasion de rire avec les trolls (NDLR : sur les espaces communautaires, personne apportant la polémique à des seules fins conflictuelles). Je ne suis donc pas la bonne personne pour détester un type de comportement ou toute autre chose. Par exemple, je comprends que le lancement d’applications comme Peeple permettant de noter publiquement ses amis, sa famille ou son patron fasse polémique. Mais j’ai la certitude que cela ne prendra pas dans les usages.
Contribuez-vous personnellement à internet ?
Je contribue en partageant de l’information sur mes blogs, Twitter, en faisant des live tweets lors d’événements. Je contribue donc par les contenus, non en m’engageant sur l’évolution des technologies ou en œuvrant pour la neutralité du net, par exemple.
Le web est le meilleur moyen pour s’exprimer, défendre des idées et, au final, faire vivre le débat démocratique. Il me semble d’une part, que c’est un devoir et que, d’autre part, le monde serait beaucoup plus pauvre sans le web !
C’est ce que les marques doivent comprendre : les consommateurs étaient sur internet bien avant elles et produisaient déjà du contenu sur elles. Elles doivent donc faire avec, prendre en compte ces contenus et faire évoluer leur façon de produire et communiquer en conséquence. Par exemple, les fans de Gap estimaient que le nouveau logo proposé par la marque ne correspondait pas à l’identité qu’ils voyaient en elle. Gap a eu l’intelligence de faire marche arrière. D’une certaine manière, le consommateur aime quelque-fois plus la marque que la marque elle-même. Et c’est en produisant des contenus sur internet qu’il le démontre. Il faut donc les écouter et faire avec, en créant les liens les plus affectifs possibles.
L’Internet de demain, vous le voyez comment ?
Je vais commencer par ce que je ne souhaite pas voir : un internet uniquement sur les applis mobiles. On ne ferait que réinventer le minitel ! Les applications mobiles ne sont pas reliées entre elles et participent à un appauvrissement des ressources. A terme, les grosses applications risquent de faire mourir les petites applis qui n’ont pas les mêmes moyens.
L’internet de demain, je l’imagine bien comme un Google Now amplifié, connecté aux objets, apportant toute les informations dont on a besoin avant d’avoir à y penser dans le domaine de la cuisine, la santé, l’éducation… Il y a quelque chose d’effrayant en cela, car nous serions un peu dans Le meilleur des mondes. Vivre dans une utopie où l’on est moins libre, est-ce réellement mieux ?
Quel métier du web conseilleriez-vous à votre fils ou à votre fille ?
La question est un peu absurde, les métiers du numériques auxquels ils accèderont ne serait-ce que dans 5 ans n’existent pas encore. Quelques métiers vont rester, comme développeur. Et encore, jusqu’à ce que les robots arrivent à coder eux-mêmes ! Pour le reste, je suis incapable d’anticiper la physionomie du web dans 15 ans. Il sera certainement plus rapide, plus automatisé, géré par plus de robots. La partie créative restera ouverte aux humains, mais il est difficile de dire dans quelles modalités. Il est fort probable en effet que des robots dotés d’intelligence artificielle soient capables à terme d’apprendre comment j’écris et de générer des textes fidèles à mon style et ma manière de penser.
3 conseils que vous donneriez à un directeur marketing ?
1. Il doit être dans la conversation non dans la communication.
2. Il doit créer des histoires autour de sa marques ou ses produits que les clients soient susceptibles de raconter de nouveau.
3. Il doit se tourner vers l’expérience qu’il peut proposer aux consommateurs. En effet, nous possédons tous des objets et nous pouvons maintenant nous passer de cette possession. En revanche, nous recherchons de plus en plus l’expérience, la manière de vivre avec tel ou tel bien de consommation. C’est ce qu’est parvenu à réaliser Coca-Cola en inscrivant des noms propres sur ses produits. Ce qui est important, ce n’est plus le produit, mais l’expérience vécue autour. C’est aussi le positionnement de Red Bull : avec ses opérations de sponsoring, la marque offre du vécu, une expérience qui n’est pas reproductible dans un monde où l’on peut tout avoir sur le plan matériel. Et en plus, ils sont l’intelligence de ne pas parler du produit.